Tout d’abord, je tiens à exprimer mon effroi face au crime commis contre notre collègue Samuel Paty vendredi à Conflans-Saint Honorine.
L’horreur du crime perpétré ne doit cependant pas nous aveugler et devrait nous forcer à nous interroger. Celui-ci ne serait-il, en effet, rien d’autre que le symptôme d’une société malade ?
Malade d’une bourgeoisie qui travaille depuis des années à s’enrichir toujours plus et à détruire avec acharnement les organismes redistributifs de la richesse nationale produite créés au lendemain de la libération. Malade des inégalités qui en découlent, qui creusent un fossé toujours plus profond entre des classes populaires de plus en plus marginalisées et des élites déconnectées de cette réalité.
Malade d’une classe politique aux ordres serviles des dirigeants des grands groupes financiers et qui méprise dans ses discours quotidiens ces classes populaires laissées sans autres perspectives d’avenir qu’une consommation débilitante et une aliénation à un travail chaque jour plus précaire sur lequel elles ont perdu tout contrôle. Cette population portée à la lumière par les « gilets jaunes » et sur laquelle s’abat toute la puissance de la violence de l’État lorsqu’elle essaie de relever la tête.
Malade d’un État de moins en moins « de droit » et de plus en plus « d’ordre » qui se permet non seulement de dicter à la population des règles imbéciles au nom d’un soit-disant « intérêt général » qui ne fait plus l’objet d’aucun débat, mais aussi de soustraire à la justice en les faisant abattre par les forces de l’ordre les coupables de crimes odieux comme celui commis contre notre collègue.
Malade enfin d’un discours schizophrène qui stigmatise les populations musulmanes d’origine immigrée tout en offrant des ponts d’or aux argentiers du salafisme que sont les fortunes saoudiennes et des monarchies pétrolières du golfe.
Ce crime ne serait-il donc pas autre chose qu’un nouveau symptôme d’une société malade, atomisée, déshumanisée ? D’une société qui s’enfonce sous la conduite de la bourgeoisie d’affaire dans les tréfonds d’un nouveau « moyen-âge » dans lequel cette dernière se croit jouer le rôle des anciens preux au service de son nouveau dieu, l’argent ?