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Pouvoir d’achat ou révolution ?

La mise en avant de la question du « pouvoir d’achat » est posée comme question centrale de l’affrontement politique par l’ensemble des partis de gauche, de LO au PS bien que ceux-ci ne s’accordent pas sur son ampleur souhaitable.

Deux posts récents (*) sur le site Bellacio se dressent à juste titre contre l’utilisation impropre de l’expression « pouvoir d’achat » qui vise à transformer la revendication salariale en fumeuse « capacité de consommer » et font écho à mon post du 20 juin « Nouvelle heure ? ». Au-delà de l’aspect sémantique des choses bien que je partage cette préoccupation, c’est l’enfermement du champ de revendication des salariés dans la revendication salariale qui me semble l’impasse dans laquelle s’est fourvoyé le mouvement ouvrier (au sens large) et qui est caractéristique de ce que je comprends comme réformisme.

J’entends par là qu’en se limitant à réclamer une part plus grande du produit de son travail dans l’unique but d’augmenter sa capacité à consommer, le salariat borne son action politique dans un champ strictement délimité par le Capital qui lui interdit de remettre en cause l’organisation sociale imposée par ce dernier et au coeur de laquelle figure la propriété privée des moyens de production lui permettant de s’approprier à titre privé les fruits du travail social.

Dès lors l’offensive politique ne peut plus revenir entre les mains du salariat qui n’a comme horizon politique que d’essayer de contrer la baisse permanente de la valeur de son travail inhérente à l’exploitation capitaliste (pour faire vite) et l’entreprise constante de destruction des conquêtes sociales arrachées à la bourgeoisie à une époque où le salariat était à l’offensive car porteur d’une volonté politique forte de renversement de la domination du Capital.

N’ayant en face de lui plus qu’une opposition parcellaire et (rendue) aveugle aux enjeux réels, le Capital peut pousser plus loin la recomposition de la société et dont les délocalisations sont un exemple brutal : Par celles ci il passe d’une appropriation privée des fruits du travail social au vol pur et simple de l’ensemble du produit de celui-ci dont les profits ne sont qu’une partie, en enlevant physiquement les infrastructures industrielles aux populations qui les ont construites de leur travail. Ceci pour les transplanter dans des régions où la valeur du travail est plus basse mais aussi où l’entreprise parachutée « ficelée » d’un ailleurs lointain ne peut apparaître comme une construction collective de ses salariés.

(*) [Jean-Yves Denis : « POUVOIR » d’achat] et [La Louve : NON au POUVOIR d’ACHAT ! OUI au SALAIRE !]

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