Je voudrais écrire un mot, comme ciselé de subtile magie et au pouvoir plus grand qu’un ancien volcan.
Dans ce mot, j’y mettrai la douceur bleutée des lagons, perles de rêve à l’abri des tempêtes ; j’y mettrai la beauté froide et minérale de ces montagnes en équilibre au dessus de l’abîme n’attendant qu’une main pour les prendre; la lente détermination du fleuve qui se rit des vent contraires et finit toujours par se fondre dans la mer.
Du désert et de ses errances je ferai un drapeau à jeter à tes pieds au soir de ma défaite.
Je reviendrai alors au bord de L’Enéa et j’y regarderai, dans cette eau à la beauté intacte d’un premier cri, le jeu souple et joyeux d’une truite dans le courant, et là comme dans un miroir à la lucidité brute, j’y verrai révélé à mes yeux seuls le reflet nu et sans rêves de mon visage tel qu’en lui-même.
Je pourrai alors, une dernière fois, coller mes lèvres au jet régulier et glacé de cette source qui flue au travers des rochers au plus chaud de l’été et y boire de longues gorgées, aussi profondes que l’oubli.