2008 a vu la célébration du premier 11 novembre sans poilus. A cette occasion de multiples hommages ont été rendus aux victimes de la guerre, soldats tués ou mutilés qui ont rejoint définitivement les pages des livres d’Histoire. Si les hommes ont payé de leur sang le prix de cette affreuse boucherie, aucune commémoration n’a, à ma connaissance, été célébrée aux femmes dont les fiancés ont été massacrés et qui, par fidélité envers leurs disparus ou en raison du déficit de population masculine consécutif à la guerre, sont restés célibataires le restant de leurs jours. Le texte qui suit se veut, pour elles, un modeste hommage :
Fantômes disparus des rues de nos villages
les vieilles demoiselles ne hantent plus nos mursElles croisèrent leur siècle emportent avec elles
en guise de bagage et pour l’éternité
leurs doux amours perdus broyés aux champs d’horreurElles sont mortes deux fois écrasées par le deuil
et les boues de Verdun de Craonne ou de Flandre
renferment les secrets de leurs vies sacrifiéesLes monuments odieux glorifiant les massacres
ignorent leur douleur de ventres inutiles
et tairont à jamais leurs noms et leurs seins videsDéjà l’oubli est là on referme la tombe
Ô vous les morts toujours en fuite
n’écoutez plus sonner le glas
la glaise est amante cruelle
à qui courut sous les obusBelles fiancées de nos campagnes
n’eurent vingt ans pour leurs amants
que le temps que mit cet éclat
qui fit fleurir une cervelle