… grand bien nous fasse.
Puisse-t’il rencontrer dans ses errances futures la longue colonne des victimes de son ambition sans scrupules. Les enfants, femmes et hommes raflés en gironde parce que nés juifs et déportés au camp de Drancy d’où ils furent livrés à la froide et bien huilée machine à assassiner nazie pour finir de la mort atroce que l’on sait; Les nationalistes marocains et algériens disparus ou exécutés lors de ses passages comme haut fonctionnaire au Maroc et à Constantine en Algérie; Les manifestants algériens venus en famille et en paix manifester leur soutien au FLN au coeur de Paris et dont la seine charriait des corps une semaine après le massacre ou les huit de Charonne lors de son passage comme préfet de police de la Seine.
Puisse-t’il ne jamais trouver la paix, ce parfait exemple de ce que notre république est capable d’engendrer de meilleur. Qu’on en juge, ce fils de petit notable du centre-gauche a gravi tous les échelons de la fonction publique jusqu’au poste de préfet de Police de Paris avant de poursuivre une carrière politique qui devait l’amener au plus haut sommet de l’état comme ministre du budget. C’est que de la SFIO sous le Front Populaire jusqu’au gaullisme de la 5ème république en passant par la « révolution nationale » de ce bon vieux Pétain, ce pilote en eaux troubles a su naviguer avec finesse et comme seule boussole son ambition sans limite. Jusqu’à franchir en toute conscience et avec un cynisme total les frontières de l’innommable. Mais qu’on ne se trompe pas, en franchissant le rubicond de l’ignominie, Papon n’agit pas seul. Ça n’est pas un déséquilibré qui fourvoie la « République » dans l’erreur sanguinaire. Non, c’est tout simplement une république de façade issue d’un pacte scellé entre notables radicaux et réactionnaires monarchistes sur les ruines fumantes et les charniers de la Commune de Paris, une république qui a pu envoyer pendant 4 ans les forces vives de sa nation se faire broyer aux champs d’horreur sans trembler sur ses bases, une république au seul service des intérêts de sa bourgeoisie qui recouvre son lit naturel après l’aube avortée d’un front populaire qui n’a même pas été capable de tendre la main à son frère espagnol étranglé par la sédition et les armées fascistes et nazies, une république fondée sur la haine de classe dès son enfantement et qui poursuit dans la collaboration la seule tâche qui lui a été confiée sur ses fonds baptismaux : Contenir les aspirations populaires pour qu’elles n’empêchent pas la bourgeoisie de continuer à mettre en coupe réglée les richesses de la nation. La réhabilitation de Papon au sortir des années noires de l’occupation n’est ainsi pas une erreur. C’est la réhabilitation, par une droite que De Gaulle aura sauvé du naufrage, de l’appareil d’état indispensable à la poursuite des sales besognes de la république, aussi bien sur le sol national que dans les colonies.
Que Papon meure aujourd’hui est sûrement la seule chose de bien qu’il ait fait dans sa vie : Il nous rappelle la vraie nature des enjeux à la veille d’une échance électorale au cours de laquelle on voudrait nous faire croire qu’il n’y aurait le choix qu’entre le premier flic de France et la madone d’un PS dont on se demande où s’arrêtera sa dérive libérale, sous la menace du thuriféraire des fascismes et autres nazismes du XXème siècle.
Qu’on ne s’y trompe pas, la république et la démocratie restent encore à construire dans notre pays.