Sur l’océan de mes rêves je vogue depuis toujours, d’île en récif, de récif en naufrage, aveugle à mes noyades et sourd à mes envols.
Parfois, je flotte entre deux eaux, dans cette lumière diaphane qui abolit le temps.
Combien de litres d’eau salée ont rincé mes poumons, ont dilué mon sang et fait de mon être cette coquille vide ballotée entre autant de nulle-parts que furent et seront mes amours, mes voyages et mes abandons.
De ma vie, je n’attends rien d’autre, je sais qu’elle finira mal, que le souffle rauque et puissant d’une respiration qui se réinvente à chaque suffoquement.
L’amour ne peut être qu’un leurre, une ampoule allumée dans la nuit de l’été offerte à un peuple de papillons et, comme tel, j’y reviendrai toujours incendier ma carcasse au grand bûcher des âmes.