D’abord se recentrer sur l’essentiel, se retrouver.
Comprendre ce que cachaient les longs rideaux de pluie.
Aujourd’hui, le jour qui se lève sur la ville close est un jour neuf dont il me reste à saisir cette âme de cristal dont l’intime vibration peuple nos rêves dès lors que nous en franchissons les limites souterraines et futiles.
Soleil, mon ami, mon frère, je croyais t’aimer pour ta douce chaleur or, depuis que j’ai planté mon regard dans le tien, je vais par d’obscurs sentiers peuplés d’un néant de voix amies, mais tellement lointaines que le simple fait de tendre l’oreille à leur écoute serait une douleur insupportable s’il n’y avait, au bout, l’espoir absurde de l’oubli.
J’ai touché de mes doigts gourds une chair amie et ferme dont la douce élasticité sous les paupières entrouvertes de mes lèvres avait le goût tendre et légèrement salé d’un sein perdu dans les méandres sans fin d’une mémoire qui n’en finira jamais de se retourner sur elle-même en un absurde ballet d’images et de mots sans début et sans fin, comme une fleur sans nom.
Qui n’a imaginé, enfant, monter sur une montagne pour, de là, sur la pointe des pieds, toucher du bout des doigts un ciel complice avant de s’envoler et avoir, pour une seconde ou pour l’éternité, cette insoutenable et fugace légèreté de l’oiseau par dessus les villes endormies ?
Marseille, le 16/6/2010